Quand le préfet Clavreul s’adonne aux « fake news »

À l’heure où le débat sur les « fake news » et les manipulations de l’information bat son plein, je fais à nouveau l’objet d’attaques.

J’ai récemment évoqué[1] la tentative de m’assimiler à Alain Soral[2]. De nouveau, le même type de manœuvre qui se veut subtile, mais n’est que sournoise[3]. Tout commence par un tweet de JOD, un responsable du Printemps républicain.

J’y apprends donc que j’ai cité élogieusement Houria Bouteldja et le site Panamza. Le but est évidemment de m’associer à eux, alors qu’ils sont très contestés.

Le préfet Gilles Clavreul retweete. Je m’étonne qu’il ne s’en tienne pas à son devoir de réserve, ce à quoi il réplique :

L’idée est donc bien de créer une proximité idéologique, voire une assimilation avec H. Bouteldja et le site Panamza, qui sera reprise sur les réseaux sociaux. Il est vrai qu’un mensonge répété plusieurs fois peut parfois apparaître à certains comme une vérité. La preuve : un troisième tweet où H. Bouteldja et Panamza sont devenus mes sources de recherche et de réflexion :

Désormais, je sais que ce genre de mensonges va se développer sur la toile et être répété en boucle. Or, citer quelqu’un ne signifie pas en faire l’éloge. J’ai d’ailleurs cité à de nombreuses reprises G. Clavreul et Frédéric Haziza dans mon ouvrage Les pompiers pyromanes… sans faire l’éloge ni de l’un ni de l’autre ! Si je cite en effet Panamza dans le chapitre consacré à F. Haziza, c’est pour reprendre une des citations de ce dernier, où il prend le site à partie après la publication d’une photo de lui, déguisé en inspecteur gadget, « infiltré » lors d’une manifestation contre les bombardements à Gaza.

Quant à H. Bouteldja, je la cite dans le chapitre consacré à Caroline Fourest, parce que cette dernière l’avait mise en cause, à la suite des incidents survenus à la fête de l’Humanité, où des manifestants avaient voulu lui remettre son Y’a bon award.

Donc, dans les deux cas, je les cite parce qu’ils ont été mis en cause par le personnage principal de mon chapitre, et qu’ils lui ont répondu. Par ailleurs, j’ai écrit : « Les Indigènes de la République sont, à mes yeux, trop radicaux, mais ils ont droit à la parole et je trouve anormal que l’agression dont a été victime Houria Bouteldja, la présidente, ait donné lieu à un black-out médiatique. »[4]

On voit donc la manipulation : il n’y a rien d’élogieux ou de positif. Ce sont des situations factuelles. Une citation prononcée dans le milieu universitaire n’a jamais signifié une approbation ou un endossement des positions des personnes citées.

Qu’il y ait des excités qui se livrent à ce type de manipulations sur la toile est malheureusement avéré. Qu’un préfet agisse de la sorte ne devrait pas être acceptable. Mais il est vrai que, depuis très longtemps, G. Clavreul bénéficie d’une totale impunité : comme militant du Printemps républicain, il est regrettable d’utiliser ce type de procédé indigne du débat d’idées ; en tant que préfet, payé par les impôts des Français, il est scandaleux qu’il s’y adonne.

[1] https://blogs.mediapart.fr/pascalboniface/blog/151117/l-affaire-ramadan-et-les-derives-de-la-presse-francaise.

[2] Du fait de ma participation à une table ronde, il y a huit ans, organisée par la revue Médias, où il était également présent, aux côtés du président de la Ligue des droits de l’homme et du vice-président de SOS Racisme.

[3] Cf. Les pompiers pyromanes [Max Milo, 2015 ; rééd. Pocket, 2016], pour comprendre ce que je pense réellement d’Alain Soral.

[4] Les pompiers pyromanes, p. 139.

Cet article est également disponible sur Mediapart Le Club