PSG : des fiches, mais ni quota ni discrimination

Le Conseil national de l’éthique (CNE) de la Fédération française de football (FFF), saisi par cette dernière, a examiné le dossier de l’affaire de pratiques présumées discriminatoires au centre de formation du club Paris-Saint-Germain (PSG).

Il a rendu une décision après audition de MM. Pierre Reynaud, Marc Westerloppe, Olivier Létang et Jean-Claude Blanc, représentant le PSG. Celle-ci a été rendue à l’unanimité des cinq membres présents. Le CNE a saisi le conseil de discipline de la Ligue de football professionnel. Il ressort des auditions que des fiches faisant mention des origines ethniques aient bien été utilisées dans la cellule de recrutement du PSG jusqu’en 2018. En revanche, nulle pratique discriminatoire n’a pu être établie.

Au-delà du communiqué, cette décision mérite peut-être quelques explications. Le CNE s’est basé non pas sur des supputations ou extrapolations, mais sur le dossier et les faits.

Il y avait deux équipes de détection de jeunes talents pour intégrer le centre de formation du PSG : l’une en Île-de-France et l’autre au niveau national. Ces deux cellules ont chacune mis en œuvre un système de fiches concernant les joueurs, qui comprenaient de nombreux renseignements : qualités techniques, apparence physique, signes distinctifs, etc. Elles faisaient également mention de l’origine ethnique, qui était d’ailleurs consignée de façon différente selon les deux cellules. Indiquer l’origine ethnique d’une personne est interdit par la loi – et donc cette pratique était répréhensible -, mais au vu du dossier et des auditions, il apparaît qu’aucun jeune n’a été refusé au centre de formation en raison de ses origines. Il y a donc bien eu un fichage illégal, mais pas de discrimination.

Le fait de faire apparaître les origines ethniques sur les fiches (qui comportent de nombreux autres renseignements) était une manière de reconnaître le jeune en question (sur des tournois de détection, les observateurs se succèdent) et n’avait pas pour objectif de mettre des quotas en place. Il n’est qu’à regarder la composition à la fois des équipes (jeunes et fanion) du PSG, la couleur de peau ou l’origine ethnique n’y est pas un critère de refus, pour d’ailleurs une simple et bonne raison : personne ne peut se priver d’un talent éclatant. Lors du dernier match PSG/Toulouse, trois joueurs de l’équipe étaient issus du centre de formation (Kimpembe, Rabiot, Diaby) et un quatrième est entré en cours de jeu (Nkunku). En fonction, de l’alternance des gardiens, un cinquième aurait même pu y figurer (Areola) ! On voit bien que le profil de ces joueurs ne reflète aucune pratique discriminatoire.

Les deux responsables des cellules recrutement, qui ont été longuement auditionnés, plaident la maladresse, l’ignorance de la loi, mais en aucun cas une volonté discriminatoire. De multiples témoignages de jeunes qu’ils ont eus sous leurs responsabilités et qu’ils ont aidés à devenir professionnels en attestent. Ces deux personnes sont visiblement très affectées par les accusations de racisme qu’ils jugent injustes et contraires à leurs parcours de vie.

Le football de manière générale, et le PSG en particulier, peut difficilement être mis en accusation. En matière de valorisation de la diversité ou de lutte contre le racisme, il est, aussi bien chez les mineurs que chez les adultes, beaucoup plus ouvert à la diversité que la plupart des institutions de ce pays (y compris les médias). Si certains responsables politiques ou intellectuels se sont publiquement offensés du trop grand nombre de noirs en équipe de France, on n’a jamais entendu qu’ils seraient trop nombreux dans les médias, la classe politique ou parmi les intellectuels.

En matière de lutte contre le racisme, l’action du PSG doit être signalée, car si de graves errements ont existé dans le passé, ce n’est plus le cas depuis longtemps. Il fut un temps où deux de mes amis (l’un responsable pédagogique dans le 94 et l’autre chef d’établissement en Seine-Saint-Denis) n’emmenaient pas leurs élèves au parc des Princes lorsqu’ils recevaient des invitations de la part du conseil régional. Ils avaient eu trop de mauvaises expériences, d’insultes à caractère raciste venant de certains « supporters » dans les tribunes, quand la situation ne débouchait pas sur des violences, voire des ratonnades. Il fut un temps où le club avait même renoncé à mettre des ramasseurs de balles noirs ou arabes devant la tribune Boulogne, de peur qu’ils se fassent insulter et cracher dessus. Cette époque est pleinement révolue.

Alain Cayzac s’était attaqué à ce problème qu’il n’a pas eu le temps de régler avant son départ de la présidence. Robin Leproux a poursuivi le travail, en mettant notamment en place un plan contesté pour certains, mais qui a permis de faire disparaître ce type de comportements et ainsi sauver le club. Il en a aussi grandement amélioré l’image. Autrement, il aurait été peu probable que les Qataris aient acheté le club et donc d’y voir Neymar et Mbappé.

La Licra et SOS racisme sont partenaires du club. Le PSG a signé une convention avec le Paris Football gay dès 2008, action pionnière en matière de lutte contre l’homophobie dans le milieu du ballon rond. L’équipe féminine a vu ses moyens considérablement renforcés.

Il y avait donc des fiches illégales, mais ni fichier central ni discrimination. Le PSG a pris acte de cette faute ignorée des dirigeants et y a mis bon ordre. Il ressort de cette affaire qu’il y a certainement des lacunes dans la formation des responsables. Il n’y a pas matière à procès en discrimination, le football et le PSG étant plutôt, sur ces sujets, en pointe qu’à la traîne.

Je voudrais conclure sur le sort des deux responsables du centre de formation. Il convient d’éviter les chasses à l’homme, les accusations infondées et de jeter en pâture l’honneur de deux personnes, qui ont pu commettre une erreur sans pour autant mériter le procès en racisme qui leur est dressé.

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