« Chronique des territoires » – 4 questions à David Chanteranne

Historien et historien de l’art, diplômé de l’université de Paris-Sorbonne, journaliste et écrivain, David Chanteranne répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage Chroniques des territoires. Comment les régions ont construit la nation qui paraît aux éditions Passés Composés.

Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

L’Histoire, on le sait, n’est pas seulement centralisée, Paris n’ayant pas toujours été le centre du pouvoir. Bien avant les épisodes contemporains, plusieurs événements ont ainsi forgé le destin du pays. L’idée d’imaginer ce livre m’est donc venue au gré des visites et des découvertes patrimoniales à travers la France. Les événements historiques me sont d’abord apparus passionnants et, à travers eux, j’ai souhaité relater quelques-unes des étapes – de la fondation de Marseille par les Phocéens à la rencontre de Colombey-les-Deux-Églises – qui ont conduit la nation à réaliser son unité.

Les symboles peuvent être instrumentalisés et déformés, à l’image de Charles Martel à Poitiers…

Lorsqu’ils ne sont pas resitués dans leur contexte historique, ces événements donnent en effet lieu, très souvent, à des lectures tronquées voire faussées. Tout l’intérêt de ces vingt-neuf épisodes présentés ici est justement de ne pas tomber dans la légende, qu’elle soit dorée ou à charge. Il convient de vérifier à chaque fois, à travers les archives, ce qui relève de l’authenticité (par la confrontation des témoignages et le croisement des sources), et ce qui, au contraire, a été transformé au fil du temps par une certaine mythologie.

L’Histoire, c’est donc aussi la rencontre d’un personnage hors du commun et d’un lieu particulier…

La plupart des sociologues ou historiens des sociétés s’intéressent au temps long, à partir d’études comparatives spécifiques. Mais il est aussi nécessaire de mettre l’accent sur ces instants qui ont changé le cours de la politique ou de la diplomatie, de relater ces réunions, ces conflits, ces opérations individuelles qui ont bouleversé le quotidien de leurs contemporains. Très souvent, l’action d’un personnage dans le cadre d’un site particulier – champ de bataille, palais, église, modeste demeure ou tout autre lieu – a transformé le destin national. Ce sont ces « rencontres » qui ont permis à la France d’être ce qu’elle est aujourd’hui.

Les lieux concernés soignent-ils suffisamment à vos yeux cet héritage culturel ?

Ils le font suffisamment pour être restés jusqu’à nous avec tant de force. Par leur diversité tout autant que par leur évocation, ils transmettent à travers les âges et donc les générations une part de cette histoire dont nous sommes à la fois les dépositaires et les héritiers. De Lyon à Strasbourg, en passant par Bordeaux, Versailles, Grenoble, mais aussi Amboise, Belfort ou Ajaccio, ces sites racontent à leur manière les soubresauts de notre passé tout en perpétuant une part éternelle de cette épopée pluriséculaire.

 

Cet entretien est aussi disponible sur le site de l’IRIS et MediapartLeClub.