Israël – Palestine : l’engrenage de la violence

« Une spirale de mort ». C’est en ces termes que le pape François a évoqué la montée de violence entre Israéliens et Palestiniens. On ne peut pas parler de retour des affrontements, car en réalité ceux-ci n’ont jamais cessé en 2022. Ce sont près de 200 Palestiniens qui ont été tués par les forces de l’ordre israéliennes l’an dernier, et ce bien que l’extrême droite fascisante ne soit parvenue au pouvoir qu’en fin d’année. Depuis le début de l’année 2023, il y a près d’un mort par jours. Mais ce week-end, un Palestinien a tué 7 passants près d’une synagogue et un jeune Palestinien de 13 ans a gravement blessé un père et son fils.

Les deux auteurs de ces attentats n’avaient aucun lien avec une organisation palestinienne et encore moins avec un groupe armé. Ni le Hamas, ni le Jihad islamique n’ont revendiqué l’un ou l’autre des attentats, dont ils se sont cependant félicités. La population palestinienne est exaspérée par la multiplication des raids de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens, les violences impunies des colons et le développement des colonies.

Les États-Unis et les pays européens ont condamné très fermement les attentats tout en appelant, avec plus de modération, à plus de retenue de la part d’Israël.

Ce que chacun craint, c’est un nouvel engrenage de la violence, la répression qui va suivre les attentats risquant de conduire à plus de rage de la part des Palestiniens. L’Autorité palestinienne, complètement discréditée, à annoncer la fin de la coopération sécuritaire avec Israël. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken est en déplacement dans la région, mais il est peu probable qu’il obtienne des résultats concrets. En fait, malgré l’aide militaire, économique et stratégique immense que les États-Unis accordent à Israël chaque année, ils n’ont que très peu d’influence sur Tel-Aviv. De plus, l’actuel gouvernement prendra des décisions en fonction d’un agenda de politique intérieure plus qu’en fonction de l’environnement international. Israël s’est assuré, depuis l’échec du processus d’Oslo, d’être en rien mis en difficulté par ce qu’on appelle toujours la « communauté internationale ». Cette dernière émet de temps en temps des protestations, mais n’a jamais fait aucune pression et encore moins pris de sanctions contre Israël. Le dernier président américain à l’avoir fait est George Bush père en 1991 lorsqu’il s’était opposé à la politique de colonisation d’Itzhak Shamir le Premier ministre du Likoud de l’époque.

Les attentats qui visent des innocents doivent être condamnés. Ce n’est certainement pas par ce moyen qu’une solution pourra se dégager, bien au contraire. À la fin des années 1990 et au début de ce siècle, les attentats ont énormément contribué à affaiblir considérablement le camp de la paix en Israël. Mais si Israël a multiplié les succès diplomatiques ces derniers temps, la question palestinienne n’est toujours pas réglée et elle reste centrale. L’occupation d’un peuple par un autre n’est tout simplement pas une option envisageable au XXIe siècle. Le problème est que la solution dite à « deux États » est devenue irréaliste. La « communauté internationale » fait semblant de s’y accrocher pour s’accommoder d’un statu quo inacceptable. La violence qui risque de se déchaîner est également le prix de son impuissance volontaire.

 

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