[France info] Parler de Paris lors de la cérémonie de clôture des JO de Tokyo permet de « mettre en valeur une nation et une ville »

Interview de Pascal Boniface pour France info

Sur ces vidéos, on voit plusieurs sites qui accueilleront les épreuves de Paris 2024 mais aussi l’Opéra Garnier, la tour Eiffel, le Louvre, les quais de Seine. Au-delà de la carte postale, que veut montrer la France avec cette séquence ?Elle veut montrer qu’elle veut accueillir le monde entier et être au cœur de l’actualité pendant au moins la quinzaine olympique, et y compris pendant les trois ans qui nous séparent de cette quinzaine. Le dossier de Paris 2024 a été construit pour mettre en valeur les plus beaux sites touristiques de Paris. C’est aussi un appel aux touristes à venir à Paris par la suite. C’est une façon de mettre en valeur une nation et une ville. La Coupe du monde et les Jeux olympiques, ce sont les deux événements sportifs mondialisés les plus suivis en termes de télévision, de réseaux sociaux, de radio. Sauf que la Coupe du monde, c’est sur plusieurs villes. Alors que les Jeux olympiques, c’est sur une seule ville. Toutes les nations sont représentées, tous les sports ou presque. C’est vraiment l’universel. Et c’est une façon de se mettre en avant et de parler de soi, de faire la publicité, la communication d’un pays à travers le sport.

Dans ces vidéos, on entend la devise olympique dans la voix d’Emmanuel Macron. Le président peut-il tirer profit de l’organisation de ces Jeux sur la scène internationale ?

Un chef d’Etat qui reçoit les Jeux est effectivement très au centre de l’actualité et c’est pour cela que les différents présidents d’une ville qui est candidate se déplacent très souvent devant le CIO pour plaider pour leur dossier. Les enjeux de Paris 2024 ont été suivis par plusieurs présidents, François Hollande, Emmanuel Macron. On ne sait pas qui sera président en 2024 mais effectivement, lorsque le pouvoir politique se met au service d’un dossier candidature, cela peut servir. Cependant, il faut aussi que les sportifs restent les maîtres du dossier. Et en grande partie, on avait perdu la bataille de Paris 2012 parce que les politiques avaient pris trop d’importance par rapport aux sportis pour un bon équilibre entre la signature de l’Etat et la mise en avant du monde sportif.

Les Jeux olympiques, c’est aussi un bilan au tableau des médailles. Les Etats-Unis ont coiffé au poteau la Chine et terminent finalement à la première place. En quoi ce tableau des médailles est-il politique et géopolitique ?

Il est extrêmement important parce que c’est le signe de la vitalité d’une nation et quelque part de son régime. Pendant très longtemps, la compétition avait lieu entre l’Union soviétique et les Etats-Unis. Et le pays qui avait le nombre le plus important de médailles disait que son système était meilleur. Le système libéral ou le système communiste. Maintenant, la rivalité géopolitique est entre la Chine et les Etats-Unis. Cette fois, les Etats-Unis ont gagné deux fois, ils ont gagné au nombre total de médailles, mais aussi en nombre médailles d’or. Et c’est très important parce que la façon de présenter les comptes est très importante. Auparavant, la Chine l’emportait en nombre de médailles d’or, mais pas en nombre de médailles totales, chacun pouvait dire : « J’ai gagné ». Les Etats-Unis vont dire que leur nation est vive, performante. Cela ne changera pas le PIB d’un pays, mais c’est en termes d’image que cela change.

Propos recueillis par France info.